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Tensions Chine/Taïwan : l’impossible déménagement des usines TSMC ?
Alors que les tensions entre Chine et Taïwan ne se calment pas vraiment, cela fait peser un danger bien réel sur TSMC et… toute l’économie mondiale.
Numéro un mondial de la fabrication de semi-conducteurs, la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company – TSMC – est au cœur des tensions entre « les deux Chines ». Depuis 1949 et la fin de la guerre civile chinoise, nous connaissons deux états de part et d’autre du détroit de Taïwan. Sur le continent, les vainqueurs communistes de la guerre civile ont fondé sous l’impulsion de Mao Zedong la république populaire de Chine tandis que les républicains de Tchang Kaï-chek se sont réfugiés sur l’île de Taïwan pour fonder la république de Chine. Aucun des deux pays ne reconnaît officiellement l’autre et la république populaire de Chine de Xi Jiping considère que l’île doit revenir dans son giron, « si nécessaire par la force ». Le soutien des États-Unis à Taïwan ne s’est jamais démenti, mais les événements ont pris une tournure d’autant plus importante que Taïwan est devenu un géant de l’électronique mondial. D’autres entreprises importantes y produisent quantités de matériels informatiques exportés partout dans le monde, mais le cas de TSMC est le plus emblématique tant l’entreprise est devenu incontournabe pour l’ensemble de l’économie mondiale. TSMC produit plus de 50% des semi-conducteurs utilisés dans le monde devenant, et de loin, le numéro un du secteur. Un numéro un toutefois fragilisé par sa position géographique dans la mesure où 80 à 90% de sa production est issue d’usines situées sur l’île de Taïwan. Les menaces d’invasion par la république populaire de Chine ne sont donc pas prises à la légère.
Depuis déjà quelques années, sous la présidence de Mark Liu, TSMC a affirmé sa volonté de déployer des usines à son nom un peu partout dans le monde. C’est ainsi qu’en 2020 ont été signés des contrats avec les États-Unis dans le but de construire des usines TSMC sur le sol américain. Cette politique, dynamique, a toutefois été battue en brèche par le successeur de Mark Liu, C.C. Wei. Dès son entrée en fonction fin-mai, ce dernier a d’abord tenté de calmer les esprits : « L’instabilité à travers le détroit de Taiwan est en effet un facteur à prendre en compte pour la chaîne d’approvisionnement, mais je tiens à dire que nous ne voulons certainement pas que des guerres surviennent ». Il a toutefois aussi très vite précisé que le déménagement des sites de production de TSMC hors de l’île de Taïwan est « presque impossible ».
Plusieurs raisons à ce « défaitisme » de C.C. Wei. Il faut ainsi rappeler que les nouvelles usines de TSMC aux États-Unis ont certes déjà permis la création de 6 000 emplois spécialisés, 20 000 emplois dans la construction et plusieurs dizaines de milliers d’emplois chez les sous-traitants, mais elle n’ont pas permis de bouleverser la répartition de la production de TSMC dont 80 à 90% des produits sortent des usines taïwanaises. C.C. Wei estime qu’il sera difficile d’aller beaucoup plus loin du fait d’un manque de main d’œuvre qualifiée pour appuyer le transfert des usines. Certains analystes rappellent aussi que les cultures d’entreprises et les habitudes managériales sont très différentes à Taïwan et aux États-Unis ou même en Europe. Enfin, c’est à Lisa Su, P.-D.G. d’AMD, que nous devons une autre explication à ce difficile voire impossible déménagement : « Nous produisons une grande partie de notre fabrication ici avec des fournisseurs clés comme TSMC… Et puis, nous avons également un certain nombre de partenaires qui nous aident à construire l’écosystème ici à Taïwan ». L’écosystème en place à Taïwan complique singulièrement les choses : les usines de TSMC ne doivent pas être déménagées seules, c’est tout un tissu industriel qui doit être construit là où elles seraient réimplantées.